par myel

Tag: rêve

6h58

C’est l’heure où je m’abîme
Où les paupières me lâchent
Où les prunelles se fâchent
C’est l’heure où tout s’anime

Laisse-moi un instant
Persister dans le drame
Laisse-moi sous le charme
De ce rêve entêtant

Je suis pris dans un piège
Encordé, ficelé
Masqué pour m’aveugler
Tremblant, nu sur ce siège

Aucune idée de qui
Voudrait me faire subir
Cette tension, ce désir
Ce vertige engourdi

Mais je m’y laisse chuter
Mentalement chavirer
Sur ma peau savourer
L’étreinte, oh avortée

Par la réalité
Par le maudit réveil
Qui me sort du sommeil
Où j’étais si gâté

6. Sur un drap brodé de carreaux rouges et blancs

Le pique-nique est un rêve, un vrai, poursuivi en pointillés du semi-conscient. Il s’est déroulé dans un parc au bord d’un pont, et en même temps dans un joli appartement duplex, avec ses fins multiples mais toutes sensuelles, ses personnages plus ou moins consistants, son goût de bulles volages et de sucreries pâtissées, sur un fond de guitare classique dérangée dans le coffre. Le pique-nique est une expérience involontaire qu’il vaut mieux censurer.

0. A l’entrée du laboratoire des rêves.

Je ne me souviens plus des premiers mots, s’ils étaient bancals ou musicaux, timides ou hurlants. Je sais qu’il est des âmes, peut-être des moments, qui nous appellent à vivre, s’extraire des sentiments pour les fixer gravés, sur la banquise. Ou le papier, l’écran, du moment que c’est blanc et presque permanent.

J’ai toujours brodé sur la vie, multipliant les points de chute, pour lui donner le goût du rêve ; mes mots abstraits n’ont pas le sens évident du terme certain, mais expriment toujours une nuance du quotidien. Et puis il y a les rêves, les vrais, refuges libertins confiés par le sommeil à nos esprits sereins. Irresponsables de nos actes, nous y voguons, entre scénarios fous, phobies métaphorées et trous noirs au réveil, quand les bribes disparaissent, plus vite que la promesse d’avoir touché l’extase, ou la plus pure horreur. Entre deux la folie, l’état semi-conscient où germent par exemple, les idées de génie et la poésie ; où les pouvoirs sont à l’affut, prêts à nous révéler nos rides ou à nous faire trembler dans un rêve lucide.

Nous sommes dans un laboratoire, construit sur cette limite sans limites ; tout est possible tant qu’on l’imagine, rien n’a d’ancrage sans qu’on l’imagine.

Ainsi parfois la nuit, j’écrivais des missives. Sur des chocs électriques, un baptême, une rencontre, des envoûtements un verre à la  main ; les chemins et les voiles, le doute dans les étoiles, la brume complète où j’avançais, et des invitations à venir voir des fées, s’emberlificoter… Bref tout ce qui venait à l’esprit de mes mots quand on leur demandait, de se donner. Je n’allais pas priver ma plume de ce plaisir, surtout avec l’écho, que le comte apportait… Oui l’expérience a commencé.